Test de PlanetSide 2
Sorti en 2003 au moment où l’ADSL commençait à se démocratiser un peu partout dans le monde, le premier Planetside a été une véritable révolution pour les amateurs de FPS. Le principe était aussi simple qu’ambitieux : mélanger MMORPG et FPS pour permettre à des milliers de joueurs de se fragger sur un territoire immense. Aussi étrange que cela puisse paraître, Planetside n’a jamais connu ni de concurrent ni de suite jusqu’à présent. Et à l’heure où les Call of Duty et autres Battlefield font foi chez la majorité des joueurs de FPS en ligne, est-ce que l’immensité des champs de bataille de Planetside 2 va parvenir à les attirer sur ses terres ? Oui, mais à condition d’être patient…
Car une fois son avatar créé et son camp choisi, le joueur se retrouve sur le terrain… Sans la moindre explication. Et on touche là le plus gros problème de Planetside 2. L’absence complète de tutoriel pourrit complètement les premières heures de jeu, et peut facilement décourager les débutants. Une pression sur la touche Echap ouvre bien un immense menu précédé de quelques explications textuelles, mais sachez qu’il faut jouer au moins trois heures avant de commencer à assimiler les innombrables subtilités du jeu. D’abord, il faut comprendre que chacun des continents est partagé entre les trois factions, et qu’ils sont divisés en territoires. Les conflits se trouvent naturellement à proximité des frontières, et faire basculer un territoire dans son camp demande de capturer une base attenante. Pour rejoindre le front, il est possible d’y aller par ses propres moyens (à pied ou en véhicule), mais le plus simple encore est de rejoindre une escouade et d’obéir aux ordres (parfois) bienveillants de son chef. Dit comme ça, Planetside 2 semble assez simple d’accès, mais il m’a par exemple fallu deux heures pour comprendre le fonctionnement de la carte et comment rejoindre un groupe de joueur.
Et sur le terrain alors ? C’est le meilleur moment de Planetside 2. Une fois que l’on a compris comment fonctionne la capture de territoire et que l’on a rejoint une bonne équipe, Planetside 2 propose les combats les plus dantesques jamais vus dans un FPS. Pour se faire une idée, imaginez qu’une centaine de joueurs attaquent des bases futuristes d’une centaine de mètres de haut défendues par une autre centaine de joueurs. Les tirs fusent de partout, des petits groupes se forment pour prendre d’assaut une possible brèche dans la forteresse, les tanks au sol font le ménage dans les défenses et subissent les assauts des lance-roquettes ennemis, tandis que dans le ciel de gigantesques avions et hélicoptères se livrent à des joutes tournoyantes pour mieux pilonner l’adversaire. Alors, certes, ces combats n’arrivent pas tous les jours et la majorité des prises de territoire se font généralement sur des bases vides de monde. Mais quand elles arrivent, c’est un spectacle autrement plus grandiose que les escarmouches proposées par EA et Activision. Le plus beau là-dedans, c’est qu’il ne suffit pas d’arriver à proximité d’une base adverse pour la capturer. Ho que non. Pour se l’octroyer, il faut tout d’abord capturer quatre avant-postes et éviter au passage de se le faire reprendre, puis prendre d’assaut le générateur de la forteresse, protégé par un bouclier que l’on désactivera en capturant quatre ordinateurs dispersés dans la base. Coordination, patience et précision sont nécessaire pour en venir à bout. Et une fois la forteresse (et donc le territoire) capturé, il faut se dépêcher de reconstruire rapidement les défenses pour repousser l’inévitable contre-attaque. Epique, tout simplement.
En revanche, s’il y a un point sur lequel Planetside 2 est inattaquable, c’est bien sa réalisation. Les trois continents, d’abord, sont tous différents. Indar est une vaste plaine désertique, tandis que Esamir penche vers les contrées nordiques enneigées. Amerish est de loin le continent le plus réussi et le plus coloré avec sa végétation luxuriante et ses innombrables reliefs. Graphiquement, Planetside 2 se situe dans le haut du panier. La distance de vue est digne de celle de Tribes Ascend, les effets spéciaux rappellent terriblement ceux de Battlefield 3 et le cycle jour/nuit transfigure les environnements. Tout ceci se paye bien évidemment au niveau de la configuration requise, puisque la moindre bataille avec une trentaine de soldat fait systématiquement baisser le framerate de moitié pour peu que l’on ait réglé quelques options graphiques sur élevées. Il nous a par exemple fallu passer par le fichier UserOption.ini pour optimiser le jeu sur des configs moyennes (l’une à base de Core i7 et de GeForce 560ti et l’autre à base de Core i5 et de Radeon HD5500) pour dépasser en permanence les 30 images par seconde. Il y a encore du boulot à faire du côté de chez Sony pour rendre l’expérience plus agréable. Reste que si l’ensemble est plutôt plaisant à regarder, on ne peut s’empêcher de pester contre les choix de design adoptés par l’équipe de développement. Non seulement les soldats sont hideux (et très peu personnalisables du point de vue esthétique), mais en plus l’aspect futuriste des bâtiments et des véhicules va de l’affreux au passable. Les chars semblent tous tirés de Dawn of War ou de Starcraft 2 et seules quelques bases se démarquent par leur architecture extraterrestre. Pour un jeu de science-fiction on a déjà vu plus inspiré…
Reste enfin l’épineuse question du business model. On le disait un peu plus haut, Planetside 2 est jouable gratuitement. Cela signifie que l’on peut accéder à l’intégralité du jeu et des améliorations en jouant (très) longtemps, mais qu’une boutique en argent réel permet de faciliter sa progression. Sachez d’abord qu’aucun équipement ou amélioration n’est exclusif pour ceux qui payent. Il est possible de tout débloquer à la force du poignet et de s’amuser pendant un paquet d’heures avec les quelques points d’expérience glanés durant les batailles. Mais si l’on désire s’investir un peu plus pour débloquer plus rapidement de l’équipement, le passage par la boutique est quasi obligatoire. Outre les packs d’expérience, il est possible de dépenser quelques euros dans des stations cash pour atteindre plus rapidement des fusils d’assaut ou des perks. Les fortunés pourront même se payer un abonnement mensuel pour 12 euros par mois ou 96 euros par an, avec, à la clé des booster d’expérience survitaminés, la possibilité de ne pas faire la queue lorsque les serveurs sont surchargés (bien pratique en soirée lors des heures de pointe) et bénéficier de quelques items esthétiques supplémentaires. Difficile de vous le conseiller pour le moment tant que le contenu endgame semble aussi flou, mais les plus acharnés y trouveront indéniablement leur compte.