Test de Rag Doll Kung Fu
Attention, jeu vidéo non identifié ! Ragdoll Kung Fu (RDKF) est une production d’une rareté extrême. Le genre de production que l’on citera en exemple chaque fois que l’on devra parler des gameplay les plus novateurs du jeu vidéo. A la base, Mark Healey (qui a travaillé notamment sur Dungeon Keeper ou Black & White) tournait un petit film de kung-fu à l’humour potache. Un projet qui lui a donné envie de réaliser ce jeu complètement déjanté dans lequel vous incarnerez une marionnette en quête de son Chi Power. Oui, mais voilà, un objet non identifié est parfois difficile à saisir, et c’est malheureusement plus que jamais le cas avec RDKF…
Ô Petite poupéeRetour au sommaire
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Vous êtes donc le maître à jouer d’une marionnette articulée. Tout fonctionne exclusivement à la souris, grâce à laquelle vous prendrez les bras, mains ou jambes de la marionnette désabusée pour la faire se mouvoir ou attaquer. Par exemple, en prenant un de ses pieds puis en cliquant dans une zone voisine, la marionnette réalisera un joli triple saut. La vitesse et la longueur du saut dépendent de votre rapidité d’exécution et du Chi Power de la marionnette, qui est représenté par une jauge. Lorsque votre Chi Power est à son maximum (en effectuant des petits cercles à la souris), la marionnette réalisera ses meilleures performances.
La première partie de l’apprentissage s’avère plutôt ludique, et on se prend facilement à cliquer partout et à admirer la marionnette démystifiée enchaîner les sauts et les chutes rocambolesques. Dans un second temps par contre, il faudra essayer de contrôler un tant soi peu ses mouvements, chose qui va demander une sacré dose de travail et de courage, et même de frustration…
Maîtriser l’art de la baston demandera le même self-control et la même dextérité. Prenez les pieds, les bras ou la tête de la marionnette, visez votre cible avec un clic droit et lâchez le bouton pour balancer une bonne poire en tête adverse. Malheureusement, tout ceci est très mal médité. Premièrement, il faudra obligatoirement se trouver à proximité de la cible pour asséner un coup ; et ne pensez même pas faire un bond de trois mètres puis retomber le pied en avant dans la tête de votre pauvre adversaire, chose impossible dans la pratique. Du coup, les combats perdent beaucoup de leur vivacité, et donc de leur l’intérêt. Autre malus, l’équilibrage des coups. Seul le coup de pied s’avère efficace et garant de ne pas prendre un retour fulgurant dans la figure.
Touchons un mot des graphismes, qui font partie de l’aspect « cartoon » de RDKF. Ils sont fluides jusqu’à un certain point : impeccables si vous restez sage, mais saccadés si vous vous amusez à cliquer sur tout ce qui bouge. Rien à dire par contre sur l’aspect général des personnages et des décors, qui sont soignés et colorés, et même vraiment mimis ! Les animations sont aussi plutôt réussies, avec des destructions de pots en céramique impressionnantes et des giclées de sang aériennes à chaque coup de boule bien placé. On peut juste regretter que les personnages (en 2D) s’intègrent si mal au décor de fond (en fausse 3D).
Un film, un jeuRetour au sommaire
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Avant de pouvoir visionner ce dernier en entier, il faudra néanmoins finir le mode « scénario » du jeu. Il est découpé en 16 étapes, et chacune garde en elle une petite séquence vidéo. A vous de franchir chaque étape pour visionner toutes les séquences.
La première étape de ce mode est apparenté à un tutorial. C’est dans cette première mission que vous apprendrez à maîtriser vos mouvements, à combattre, à vous défendre ou à ramasser des items (nourriture roborative, armes…). Chaque mission fait état de plusieurs objectifs, qu’il faudra atteindre le plus rapidement possible. Dans le tutorial par exemple, votre objectif de départ sera d’atteindre 10 000 points. D’autres étapes ne vous demanderont que de battre un ennemi.
Ce mode de jeu devient tout de même vite rébarbatif. Pour les moins courageux, la difficulté sera trop élevée ; en revanche, pour ceux qui ont compris le truc, l’aspect répétitif sera insoutenable. Bref, il faudra prendre son courage (ou les codes, gnark gnark) à deux mains pour débloquer l’ensemble du film.
Et le reste…Retour au sommaire
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Parlons enfin de deux autres points, qui, même s'ils sont anecdotiques, relèvent plutôt le constat général. Premièrement, RDKF offre la possibilité de personnaliser entièrement son personnage. Le choix du nom, bien sûr, mais aussi l’aspect physique. Les modèles que RDKF propose ne manquent pas d’humour, à l’instar du squelette, du clown, du singe, du robot… Vous aurez aussi l’opportunité d’importer votre propre apparence, celle de votre sœur ou même de votre chien si ça vous botte.
De la même manière, vous pourrez importer votre propre musique vers le jeu. Chose qui vous paraîtra plus futile si le style vous convient parfaitement, mais qui ne vous laissera sans doute pas indifférent dans le cas contraire. En fait, la bande-son est un mélange d’une dizaine de samples (hip hop, rap, électronique, sons environnementaux, sonorités bien japonaises, etc). Une fois fini l’histoire solo, vous gagnerez l’accès à la table de mixage, qui permettra de calibrer vous-même le poids de chaque sample dans la chanson. Un petit outil anecdotique et limité mais très agréable. Dommage qu’on ne puisse pas ensuite exporter notre création en MP3 pour l’écouter à notre guise.
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ConclusionRetour au sommaire
Ce qu’on ne peut reprocher à Rag Doll Kung Fu, c’est son indubitable originalité. Une caractéristique que l’on aimerait réellement voir plus souvent dans le jeu vidéo à l’heure actuelle. Une originalité qui ne porte cependant pas ses fruits, navrée par la difficulté et la redondance du gameplay. Disponible sur la plate-forme de téléchargement Steam depuis l’an dernier, RGKF n’a jamais réellement trouvé son public. On doute qu’il parvienne à ler trouve en version boite, même pour 20 euros, prix auquel il est proposé.Le verdictRetour au sommaire
RDKF est un OVNI dans la planète vidéo ludique. Un soir il éclairera le ciel, mais le lendemain, personne n’en parlera plus. Malgré des bonnes idées et une réalisation soignée, le jeu souffre d’un gameplay catastrophique et d’un manque d’ambition, aussi bien en solo qu’en multi. Seul le film mérite d’être mentionné, pour peu que vous aimiez l’humour potache. Une déception.