Test Trackmania 2 Canyon (PC) : 7/10 sur JeuxVideo.fr

Depuis sa sortie en novembre 2003, la série TrackMania souffle le chaud et le froid. Non que les différents opus soient de qualité inégale, mais plutôt qu'à chaque nouvel épisode, la guéguerre entre pro et anti est ravivée. Il faut dire que le titre de Nadéo se distingue des autres jeux de courses par un gameplay plutôt atypique où les collisions n'ont pas le droit de cité. Un gameplay que l'on retrouve bien sûr au cœur de cette suite attendue de pieds fermes par les milliers de fans à travers le monde. Révolution ou simple évolution ?

Avant de parler des qualités, améliorations, défauts ou régressions de cette version baptisée Canyon, il est important de faire le point sur le concept même de Trackmania. En effet, comme nous l'écrivions en introduction, ce concept n'est pas du goût de tous, même chez les amateurs de courses automobiles. S'il est bien question de sport mécanique, il n'est pas question de participer à des grands prix ou de se battre pour les meilleurs temps intermédiaires... Dans Trackmania, seules comptent la mémoire et l'habileté du pilote qui bataille pour les chronos les plus proches de la perfection, sans qu'aucun élément extérieur ne vienne jamais perturber sa concentration. Durant une course, le joueur ne se bat contre aucun adversaire et il n'a pas à craindre de collision avec d'autres pilotes. Un mode de fonctionnement qui rappelle les courses de rallye, mais que Nadéo a largement étendu : les circuits mis en place par les développeurs sont complètement dingues et il est impératif de les connaître sur le bout des doigts pour réussir des chronos intéressants.

Cette parenthèse effectuée, revenons sur le cas plus particulier de Trackmania 2 : Canyon. Disponible contre la modique somme de 20 euros, il ne propose qu'un seul environnement quand les précédents opus de la série allaient par trois. Il se trouve en fait que Nadéo voulait vite distribuer cet unique environnement afin de prendre le temps de peaufiner les deux autres - encore mystérieux - qu'il distribuera 20 euros l'unité. Un seul environnement donc, mais de nombreux tracés dessinés par un Nadéo qui nous invite à démarrer avec le mode solo. Ici, ce sont 75 parcours répartis en cinq catégories (blanc, vert, bleu, rouge, noir) de difficulté croissante. Au début, il n'est pas difficile de décrocher la médaille d'or, mais les choses se corsent et les divisions rouge / noire nécessitent une certaine concentration. Le système de médailles (bronze, argent, or) permet de débloquer les courses, mais il ne s'agit pas d'une fin en soi. En effet, les développeurs ont casé des « temps auteur » pour lesquels il faudra souvent trouver des petites astuces de course.

Plus intéressant et nous touchons déjà à la dimension en ligne du jeu, Trackmania 2 : Canyon diffuse les temps d'autres joueurs et alors que l'on peine à descendre sous les 40 secondes, on se rend compte qu'untel tourne à moins de 30... et encore, il ne s'agit que du meilleur de notre région ! En effet, à la création du compte, Nadéo cherche à nous situer géographiquement afin de donner une motivation supplémentaire aux joueurs. On se bat d'abord pour être bien classé dans son département, puis dans sa région, dans son pays et, enfin, au niveau mondial. Hélas, pour ce faire, Nadéo utilise un système qui ne nous convainc pas totalement, celui des temps officiels. Pour que les autres joueurs puissent voir nos temps, il faut d'abord décrocher l'or, mais surtout attendre que Trackmania passe en mode officiel ce qui ne se fait qu'une fois toutes les cinq minutes : vous n'avez bien sûr pas intérêt à vous louper durant cette unique course officielle, sinon il faudra patienter de nouveau cinq minutes !


Ces courses officielles sont les seules qui permettent de décrocher les fameux SkillPoints qui sont ensuite utilisés pour déterminer le rang des joueurs. Si la démarche de Nadéo est compréhensible pour des raisons de sécurité, de souplesse et de fonctionnement général, ce n'est guère passionnant pour un joueur qui connaît parfaitement ses circuits d'attendre cinq minutes pour tenter de battre un chrono. Heureusement, l'intérêt de Trackmania 2 : Canyon ne se limite pas à ces SkillPoints et en dehors du mode solo, les joueurs peuvent évidemment compter sur un mode en ligne particulièrement complet. Au travers d'un ladder mondial, le mode en ligne est cette fois l'occasion de participer à un véritable championnat permettant d'obtenir des LadderPoints et de gravir les échelons. Ces points sont obtenus après chaque course en fonction du résultat de chacun des joueurs engagés : le but étant bien sûr d'atteindre les plus hautes marches pour se mesurer aux plus talentueux des pilotes.

Côté modes de jeu, il n'y a que l'embarras du choix et même si Nadéo ne fait pas dans l'originalité, il n'oublie rien en chemin. Nous pouvons donc compter sur des courses par rounds, des contre-la-montre, des courses en équipe et des courses au nombre de tours. De son côté, le mode Coupe enchaîne les tracés alors que le mode Cascade est là pour pousser les joueurs à jouer les acrobates... Il est intéressant de noter que tous ces modes de jeu sont également disponibles en réseau local et que Trackmania 2 : Canyon fait preuve d'un tout petit peu plus d'originalité en intégrant un sympathique mode en écran partagé. Ici, il est possible de jouer à deux, trois ou quatre joueurs sur la même machine, à condition bien sûr d'avoir suffisamment de contrôleurs et un écran de bonne taille. Enfin, il existe un mode dit Script qui permet de définir ses propres conditions de victoire : il s'agit d'opter pour le mode de jeu qui a sa préférence et de lui appliquer les règles que l'on souhaite.

Cette dernière option s'intègre parfaitement au concept très ouvert de Trackmania. Depuis les débuts de la saga, Nadéo a toujours incité les amateurs à créer leurs propres circuits et avec Canyon, le studio repousse encore un peu plus les limites. C'est ainsi que trois éditeurs ont été mis en place par les développeurs afin d'élargir les possibilités. L'éditeur de peinture est sans doute le plus simple dans la mesure où il se limite aux décorations de son bolide. Plus ambitieux, l'éditeur de replay est là pour épater ses amis en montant des séquences issues de nos courses les plus folles. Enfin, l'éditeur de carte est de loin le plus intéressant. Double, il permet aux débutants de se faire la main avant de passer aux choses sérieuses avec la version complète. Là, on peut compter sur quelque 250 blocs imaginés par Nadéo pour faire des tracés complètement fous... Vous n'avez d'ailleurs pas à nous croire sur parole, la communauté étant d'ores et déjà à l'œuvre !

Carte, replay, peinture : trois éditeurs afin d'ouvrir le jeu à la communauté
Jusqu'à présent, nous nous sommes focalisés sur le contenu de ce Trackmania 2 : Canyon, mais n'avons pas réellement creusé ce qui fait le succès de la série depuis déjà onze ans : sa jouabilité. Les précédents opus nous ont habitués à ne pas mélanger les gameplay et un environnement se limitait à un style de conduite : ce n'est plus tout à fait le cas avec Canyon. De prime abord très proche du décor Desert, Canyon se permet effectivement quelques ouvertures en mixant trois types de surface : l'asphalte avec sa conduite souple, le béton nécessitant davantage d'attention et la terre souvent difficile à prévoir. De ces trois matériaux découlent trois styles de conduite et les choses deviennent évidemment plus intéressantes quand les tracés passent régulièrement de l'une à l'autre. Plus que jamais, il devient indispensable de connaître les circuits à la perfection pour établir un chrono un tant soit peu intéressant alors qu'il faut sans cesse jongler entre une conduite plus attentiste et une prise de risque maximale.

Cette prise de risque se traduit bien souvent par du drift franc et massif. Ce n'est pas vraiment une nouveauté dans la mesure où d'autres environnements Trackmania ont exploité cette technique de dérapage, mais on sent que les développeurs de chez Nadéo s'en sont ici donné à cœur joie afin que les passages en drift soient particulièrement tendus, avec juste la place de glisser sa voiture ! Il est d'ailleurs bon de signaler que le comportement des voitures est particulièrement propice aux drifts avec une certaine inertie et une lourdeur qui leur permet de ne pas trop ralentir, même lors de dérapages particulièrement longs. Enfin, impossible de ne pas parler de Trackmania sans évoquer la folie des circuits et là non plus, il n'y a rien à redire : certains passages (loopings, tremplins, tunnels, virages inversés...) sont complètement barrés et pousseront les joueurs à s'y reprendre un très grand nombre de fois pour décrocher, sinon le temps Nadéo, au moins la médaille d'or.

Du coup, impossible de ne pas avoir un léger regret en constatant que finalement, rien n'a changé en presque huit ans de développement. Trackmania est toujours aussi addictif, mais également toujours aussi frustrant. En dehors même du fait de l'absence de collision, certains joueurs risquent donc d'avoir du mal à accrocher à cette progression par l'échec qui nécessite de refaire encore et toujours le même parcours jusqu'à atteindre l'excellence. En même temps, c'est aussi cette quête de la perfection qui pousse les autres joueurs à sans cesse revenir sur le jeu ! Des joueurs qui n'auront d'ailleurs pas trop à se soucier de la barrière technique puisque malgré un joli ravalement de façade, Trackmania reste relativement léger. Fin et doté de textures agréables à l’œil, Canyon se contente d'un processeur double-cœur 1,5 GHz, épaulé par 1,5 Go de mémoire et une carte graphique GeForce 7800 GT pour tourner à haut niveau de détails. Mieux, il est même possible de le faire tourner sur de toutes petites plateformes (ION par exemple), à condition bien sûr d'accepter une réduction drastique du rendu !

Certains joueurs regretteront sans doute de voir que Nadéo n'a guère pris de risques avec ce Trackmania 2 : Canyon qui n'est en définitive qu'une sorte de rafraîchissement des précédents opus. Un rafraîchissement qui ne coûte heureusement pas trop cher, et ce, alors que le studio compte bien nous proposer deux autres environnements (20 euros chacun) pour compléter l'unique Canyon actuellement disponible. Trackmania 2 : Canyon ne révolutionne donc pas une série qui compte toujours des milliers d'adeptes à travers le monde et qui n'avait donc pas vraiment besoin d'un traitement de choc. De fait, il est inutile pour les réfractaires de jeter ne serait-ce qu'un œil sur ce nouvel opus, alors que les amateurs peuvent sans complexe replonger en s'offrant ce qui reste à n'en pas douter la version la plus aboutie de Trackmania... Les néophytes ? Disons qu'ils se doivent de laisser au jeu sa chance, le concept est certes particulier, mais rares sont les jeux avec une telle durée de vie !