Test de World of Warcraft - Mists Of Pandaria, l'extension de trop ?
Malgré une nouvelle classe réussie et un contenu conséquent, l'extension Mists of Pandaria affiche un clair manque d'inspiration et peine à renouveller le MMO de Blizzard.
Gameplay #5 - Tourisme virtuel et quêtes ...
Par exemple, le récit de l’élévation « spirituelle » du joueur sous la tutelle des maîtres moines locaux se réduit à de courtes quêtes stéréotypées, sans aucune profondeur narrative ni invention ludique ; le reste du temps, on se verra proposer de sauver des villageois de la menace d'une faune locale ou de tribus ennemies (ici des Singes, là des Mogus, etc.), pour autant de quêtes au souffle court.
S'il ne faut pas attendre d'un MMO qu'il fasse de son histoire une priorité, les précédentes extensions bénéficiaient au moins d'un fil rouge - le cataclysme déchirant Azeroth, la guerre contre le Roi Liche - source d'un frisson épique occasionnel qui fait ici cruellement défaut. L'éclatement du récit en petites histoires sans conséquences font de Pandaria une extension aux enjeux quasi inexistants, alors même que ses thèmes - découverte d'une nouvelle civilisation, spiritualité et mysticisme - semblaient prometteurs : une occasion manquée qui touche jusqu'au design des zones elle-même, globalement décevantes.
De manière générale, les nouvelles régions peinent à surprendre et à distiller leur « exotisme », la faute à un level-design archi-classique qui n'invente aucune topographie nouvelle. Autre motif de déception, les zones sont relativement petites et font vite se sentir à l'étroit : impossible de se perdre dans la majesté d'un décor de montagne ou l'étendue d'une vaste plaine. Doit-on y voir le signe que le vétuste moteur de WoW atteint ses limites ? Pas forcement puisqu'à technique égale, le continent du Norfendre (extension Wrath Of The Lich King) accouchait d'environnements nettement mieux construits. Du reste, mis à part l'amélioration du rendu de l'eau et de la lumière dont profitent certains point de vue, le retard technique accusé par ce Mists Of Pandaria ne l'aide pas à se relever.
Bande-annonce #4 - A découvrir dans Mists Of ...
Tout aussi intéressant à jouer, le moine soigneur adopte une approche basée sur le soin de proximité, plutôt que sur le sort ciblé : il faudra par exemple rester au contact du boss pour gérer la santé d'un tank lors d'un raid. Ce nouvel angle rafraichissant vaut également pour le moine tank : adepte de la « boxe de l'homme ivre », ce dernier a recourt à divers breuvages alcoolisés qui lui confèrent buffs courts et autres options de reprises d'aggro.
Toutes ces branches partagent en outre une même base de coups en mêlée figurés par des animations soignées, pour un ressenti satisfaisant en combat : une vraie réussite, que les joueurs pourront pratiquer en montant un Pandaren, sympathique nouvelle race mi-homme, mi-panda bercée de spiritualisme, de discipline monacale et d'alcool fort - rappelons qu'ils pourront choisir au terme des leur zone de départ (une île tortue) de rallier l'Alliance ou la Horde au choix, une première dans le MMO de Blizzard.
Si simplification il y a, elle concerne plutôt la difficulté : outre la progression du niveau 85 au 90, pliée en une cinquantaine d'heure, ce crédo de l'accessibilité s'applique aussi aux instances (4 en normal, 9 en héroïque) pour la plupart dénuées de challenge véritable. Cette difficulté revue à la baisse émane d'une volonté avouée de ne pas frustrer la majorité des joueurs ; mais elle est aussi la conséquence de boss plus routiniers que jamais : avares en situations inédites et globalement peu spectaculaires, ces derniers font même regretter ceux de l'époque Cataclysme (pré nerf), capable de dérouler quelques pattern mémorables. Il faut attendre les raids (cinq au total) et le mode défi pour se piquer d'un challenge digne de ce nom ; au sujet de ce dernier, rappelons qu'il propose de terminer une instance difficile en un temps limité, avec pour contrainte supplémentaire un équipement pré-défini. Des médailles de bronze, d'argent et d'or gratifieront alors les meilleurs performances, avec des récompenses prestigieuses à la clef (montures et set d'armures).
Nouveauté du cru, le mode scénario propose une série de sept évènements en zones instanciées : on en fera le tour assez vite, mais ils offrent tout de même une distraction ludique au farming quotidien. Outre les deux nouveaux champs de bataille et la nouvelle arène pour le versant PvP, on apprécie également l'idée du marché noir, alimenté par Blizzard en objets rares (armures et mascottes introuvables) sur le mode de l'enchère. L'ajout le moins heureux reste le combat de mascottes au tour par tour (façon RPG japonais), qui s'avère extrêmement répétitif, stratégiquement limité et finalement peu gratifiant - les mascottes restent des mascottes, ni très jolies, ni très attachantes.
Tout bien considéré, le haut niveau nous a semblé remplir son contrat minimum et devrait garantir aux joueurs les plus voraces de quoi s'occuper sur la durée. Pour autant, la progression en elle-même n'est pas un pur calvaire, et profite de quelques embellies qui dessinent en creux ce que Pandaria aurait pu être : dans la région de la Vallée des Quatre-Vents, le jeu semble enfin assumer l'abandon de son angle épique au profit d'une atmosphère bucolique, entre villages et rizières. Le temps de quelques heures, la progression s'y modèle sur le rythme de la quotidienneté paysanne, aussi prosaïque que rafraichissante, car s’immisçant au plus près de la vie et culture Pandarens : Mists Of Pandaria y gagne paradoxalement certains de ses meilleurs moments, jamais meilleur que lorsqu'il tourne résolument le dos à ses prétentions épiques pour plonger dans la consistance de son monde.
NB : Le test a été réalisé à partir de la version bêta (patch 5.0.4) et sera mis à jour en cas de modification notable sur la version finale.
Configuration du PC de test : Processeur i7 2630 QM, Carte Graphique Radeon HD 6900M, 6 Go de Mémoire Vive
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